Conférence - Epigénétique régénérationnelle

mercredi 25 février 2015 12:00, café-restaurant Punkt-Grenette
Conférencier(s): Catherine Pfefferli

La Liberté du 10 mai 2014

Les poissons zèbres régénèrent certains de leurs organes amputés. Selon une étude fribourgeoise, les facteurs épigénétiques sont au cœur de ce processus et pourraient révéler des applications intéressantes en médecine régénérative.

Pour reconstituer les tissus et les os de sa nageoire caudale amputée, le poisson zèbre réactive les programmes développementaux qui lui ont déjà servi à devenir adulte. Cette régénération repose sur la capacité des cellules matures de la plaie à reconnaître le site d’amputation et à s’y mobiliser.

A cet endroit, les cellules fonctionnelles adultes perdent leurs propriétés spécialisées pour se transformer en cellules progénitrices embryonnaires. Ces cellules progénitrices se comportent comme des cellules souches: elles se multiplient et migrent au-dessus du site d’amputation pour former une excroissance.

Ensuite, une partie des nouveaux tissus commencent à se différencier pour remplacer les tissus manquants. Les travaux de la doctorante Catherine Pfefferli, du Département de biologie de l'Université de Fribourg, ont montré que des facteurs épigénétiques spécialisés, formant un complexe composé de plusieurs protéines appelé le complexe NuRD, sont nécessaires à l'étape de la différenciation des cellules progénitrices.

Transposable chez l’homme

Les facteurs épigénétiques, de manière générale, modifient l'emballage de l'ADN dans le noyau de la cellule et influent sur l'expression des gènes. Le complexe NuRD a été conservé durant l’évolution et joue un rôle important dans le développement embryonnaire de nombreux organismes pour changer le destin d'une cellule souche en une cellule spécialisée.

En révélant l'existence d'un complexe NuRD spécialisé dans la régénération, ces travaux ouvrent de nouvelles pistes pour l'étude des mécanismes de la régénération et de sa réactivation dans d'autres organismes, tel que l'humain, a indiqué vendredi l'Université de Fribourg. En effet, les êtres humains ont perdu cette capacité de régénération.

Ainsi, les progrès en médecine régénérative permettent d'envisager par exemple de remplacer une peau brûlée ou un membre amputé. Dans le futur, la manipulation de facteurs épigénétiques à l’endroit de la lésion pourrait contribuer à «redémarrer» artificiellement des programmes de régénération chez une personne blessée ou amputée, selon cette étude publiée dans la revue «BMC Biology».